Les connaissances sont nos meilleures armes
L’information climatique est trop souvent réservée aux experts, déplorent les auteurs, alors que seule l’information peut permettre un passage à l’action nécessaire.
Les catastrophes climatiques ne sont plus des évènements rares. Elles rythment désormais les saisons, creusent les inégalités et fragilisent une économie déjà à bout de souffle. Inondations à répétition, vents violents, chaleur accablante, pannes de courant hivernales : la liste s’allonge au même rythme que l’impréparation collective.
Pendant ce temps, les infrastructures vieillissent, les bâtiments ne suivent pas, et les données – pourtant vitales – dorment dans des recoins administratifs ou techniques, incompréhensibles pour le citoyen ordinaire.
L’heure n’est plus au constat, mais à l’action. Et toute action commence par l’information. Informer, c’est s’outiller.
Donner accès à des données claires sur les risques climatiques, c’est offrir aux gens les moyens de se protéger, d’agir, de planifier.
Pas dans l’utopie, mais dans le concret : protéger sa maison, exiger des infrastructures publiques adaptées, choisir où habiter ou comment construire.
Certaines cartes de vulnérabilité sont déjà disponibles. Mais combien savent qu’elles existent ? Combien les comprennent ?
Trop souvent, l’information climatique est réservée aux experts. Et pendant que certains adaptent leurs modèles de risques, d’autres continuent à vivre dans des logements à risque d’inondations, sans assurance, sans avertissement, sans plan.
Dans un contexte économique tendu, l’accès à une information vulgarisée devient une défense précieuse, un levier d’équité.
Oui, cette transparence peut provoquer de l’écoanxiété. Mais après la torpeur vient le sursaut. Et après la peur, l’action. Et le passage à l’action, c’est le meilleur remède contre l’écoanxiété.
Il faut oser dire la vérité sur l’état de nos réseaux, sur les coûts à venir, sur les menaces réelles. C’est le seul moyen d’entrer collectivement dans une logique d’adaptation. L’accès à l’information scientifique devient un devoir envers la société.
Les municipalités aux premières loges
Les municipalités sont aux premières loges. Elles vivent les conséquences, gèrent les urgences. Elles ont aussi le devoir de parler aux citoyens, de les outiller, de leur dire ce qu’ils doivent savoir.
Rien ne sert de promettre que l’eau ne reviendra pas. Il faut plutôt montrer comment s’en protéger. Mais il faut donner les moyens aux municipalités, elles ne peuvent porter tout ce poids. Il est temps d’allier les gouvernements, les décideurs locaux et les universités. Unir les forces pour combattre l’adversaire commun.
Au Québec, les pertes assurées dues aux catastrophes naturelles ont atteint 8,5 milliards de dollars en 2024. Et ce n’est qu’un début.
Selon l’Institut climatique du Canada, les changements climatiques pourraient coûter 25 milliards par année. Ce n’est pas de l’alarmisme. C’est une réalité économique.
La science existe. Les innovations sont prêtes. Mais sans transmission, elles ne changent rien.
Il faut que ces connaissances sortent des laboratoires, des rapports confidentiels, des bases de données obscures. Il faut qu’elles circulent. Dans les quartiers, sur les portails municipaux, dans les écoles, sur les réseaux sociaux.
Car face à la crise climatique, l’ignorance coûte trop cher.