Les Visages de l’Adaptation: entrevue avec Emad Norouzi

Derrière chaque avancée scientifique se cache un parcours unique et une vision singulière. Ces entrevues vous invitent à découvrir nos chercheurs, le sujet de leurs travaux et ce qui les motive chaque jour.

Pour des routes plus durables

Emad Norouzi est doctorant et chercheur à l’Université Concordia, spécialisé en ingénierie géotechnique. Ses recherches se concentrent sur le développement de matériaux durables et respectueux de l’environnement pour renforcer les infrastructures routières et autres constructions soumises à des conditions climatiques extrêmes.

Récemment, M. Norouzi a reçu une bourse d’AdapT – Institut de recherche sur les infrastructures résilientes et circulaires de l’École de technologie supérieure (ÉTS), soutenue par le Fonds de recherche du Québec et Mitacs. Cette bourse vise à promouvoir des solutions innovantes pour des infrastructures résilientes et circulaires. On fait le point avec lui sur ses recherches et les perspectives qui s’ouvrent grâce à l’octroi de cette bourse.

Pourriez-vous nous présenter votre projet de recherche?

Nous travaillons sur de nouveaux matériaux à ajouter au sol, particulièrement pour augmenter sa résistance. Plus précisément, nous testons des fibres de basalte, qui sont très respectueuses de l’environnement. Nous cherchons à déterminer si ces fibres peuvent renforcer les sols suffisamment pour être utilisées dans des infrastructures telles que les chaussées et les rues, ce qui pourrait révolutionner la construction routière.

Pourquoi vos recherches et votre travail sont-ils importants dans un contexte mondial de changement climatique ?

Nous avons tous une mauvaise expérience des chaussées à Montréal et au Québec, avec beaucoup de creux et de fissures dus aux fluctuations de température. Ces problèmes sont aggravés par les cycles de gel et de dégel que nous subissons chaque année. En augmentant la résistance du sol, nous pouvons réduire la fréquence des réparations nécessaires, ce qui est à la fois économiquement avantageux et bénéfique pour l’environnement, car cela diminue les ressources nécessaires pour les réparations. Les matériaux que nous utilisons doivent être non seulement performants, mais aussi respectueux de l’environnement. Les matériaux précédents n’étaient pas toujours écologiques et se lessivaient facilement après la pluie et la neige. Les fibres de basalte, en revanche, sont durables et résistantes aux cycles de gel et de dégel, ce qui en fait une solution prometteuse pour les infrastructures durables.

Pourquoi vous êtes-vous intéressé à cette question ?

Notre groupe travaille en géotechnique, et un de nos plus grands défis est le tassement du sol. Ce phénomène peut entraîner des affaissements de terrain et des dommages importants aux infrastructures. Au Canada, surtout au Québec, nous avons des problèmes de gel en hiver et de grands tassements en été, ce qui cause beaucoup de troubles, notamment pour les conducteurs. Les routes endommagées augmentent non seulement les coûts de maintenance, mais aussi les risques d’accident. En tant qu’ingénieurs, nous sommes motivés par la résolution de ces problèmes pratiques qui ont un impact direct sur la vie quotidienne des gens. De plus, l’idée de pouvoir utiliser des matériaux naturels et durables comme les fibres de basalte pour résoudre ces problèmes est extrêmement motivante. Cela nous permet de contribuer à la fois à la sécurité publique et à la protection de l’environnement.

Quelles seront les retombées positives pour le Québec et le Canada si vous atteignez votre objectif?

Pour le Canada, et surtout le Québec, nous voulons aboutir à un mélange de matériaux très résistant, abordable et respectueux de l’environnement. Si nous réussissons, les bénéfices seront nombreux : des routes plus durables qui nécessiteront moins de réparations, ce qui réduira les coûts pour les municipalités et les perturbations pour les citoyens. En outre, l’utilisation de fibres de basalte, qui sont naturelles et abondantes, permettra de diminuer notre dépendance aux matériaux synthétiques et potentiellement nocifs pour l’environnement. Les simulations numériques que nous réalisons nous aident à optimiser les proportions de chaque composant dans le mélange afin de maximiser la résistance tout en minimisant les coûts et les impacts environnementaux. En fin de compte, nous espérons que notre travail pourra être utilisé comme modèle pour d’autres régions du monde confrontées à des conditions climatiques similaires, contribuant ainsi à un développement plus durable à l’échelle mondiale.

Comment comptez-vous utiliser votre bourse reçue de l’ÉTS ?

La bourse nous permettra de financer les nombreux tests nécessaires pour aboutir à nos résultats. Plus précisément, elle sera utilisée pour acheter des matériaux de haute qualité, effectuer des tests en laboratoire et financer les simulations numériques. Ces ressources sont essentielles pour vérifier nos hypothèses et optimiser le mélange de fibres de basalte et de sol. De plus, une partie des fonds sera consacrée à la diffusion de nos résultats dans des publications scientifiques et des conférences afin de communiquer nos découvertes à la communauté scientifique et aux professionnels du secteur. Finalement, cette bourse représente un soutien crucial pour mener à bien notre recherche et contribuer à des solutions innovantes et durables pour l’infrastructure routière.

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