Les Visages de l’Adaptation: entrevue avec Maicon Basso Dos Santos
Derrière chaque avancée scientifique se cache un parcours unique et une vision singulière. Ces entrevues vous invitent à découvrir nos chercheurs, le sujet de leurs travaux et ce qui les motive chaque jour.
Maicon Basso Dos Santos, doctorant à l’ÉTS, a remporté une bourse de 20 000 $ de l’Institut de recherche sur les infrastructures résilientes et circulaires (AdapT) pour son projet d’évaluation des propriétés viscoélastiques des matériaux traités au ciment-bitume pour régions froides. Regard sur sa recherche en cinq questions.
Pouvez-vous expliquer votre projet ?
Je travaille sur la réhabilitation des chaussées. Il y a deux techniques principales pour le recyclage à froid : le recyclage en place, qui utilise seulement la couche de surface, et le recyclage en profondeur, qui prend en compte la couche de surface et la couche sous-jacente. Je travaille ainsi à la création d’un composite appelé matériaux traités au ciment-bitume, à partir de la stabilisation mécanique, chimique et bitumineuse des matériaux recyclés. J’étudie les propriétés mécaniques de ceux-ci dans le cadre du recyclage en profondeur. Je veux notamment améliorer leur résistance au cycle de gel-dégel.
Quel est l’objectif de votre recherche ?
Au Québec, les cycles de gel-dégel risquent d’augmenter en raison des changements climatiques. Et plus il y en a, plus le matériel est endommagé. Avec cette recherche, on pourra saisir comment le processus de réparation et de vieillissement des matériaux traités au ciment-bitume se produit par rapport aux matériaux de chaussée utilisés au Québec. De plus, comprendre et améliorer la résistance aux cycles de gel-dégel peut donner confiance aux industries et aux municipalités envers l’adoption de cette technique de réhabilitation des chaussées.
Comment avez-vous commencé à vous pencher sur ce sujet ?
Mon intérêt pour la réhabilitation des chaussées date de six à huit ans. Lorsque les routes étaient refaites au Brésil, d’où je viens, j’ai vu que des matériaux étaient enlevés sans que la couche de surface soit recyclée. Je me disais : « Oh, on a un bon matériel… Pourquoi ne pas l’utiliser? » Depuis, c’est un sujet qui m’interpelle. Et j’ai eu la chance de pousser mon intérêt dans mes études.
Quelles sont les retombées positives potentielles de votre travail ?
Le projet a un potentiel de gains économiques et environnementaux. D’un point de vue environnemental, des matériaux sont réutilisés, ce qui réduit l’emploi de matériaux vierges. De plus, cette technique réduit la consommation de combustibles fossiles, d’énergie et de matériaux de décharge. Elle réduit ainsi l’empreinte carbone de la réhabilitation de chaussée. Quant à l’aspect économique, les gains sont dus à moins de dépenses liées au transport de matériaux ainsi qu’à l’achat de matériaux vierges.
En quoi votre recherche est-elle importante pour un avenir plus vert ?
Mon projet a été sélectionné par AdapT pour son importance en regard de la résilience aux changements climatiques. Je pense que l’inquiétude des gens est de plus en plus grande. Beaucoup veulent créer un futur plus propre et vert. Si dans une dizaine d’années, ou moins, on me dit que le nombre de routes recyclées augmente de 30 %, 80 % ou même 100 % au Québec, je pourrai me dire que mon travail a eu une belle répercussion.
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