Les Visages de l’Adaptation: entrevue avec Sohail Ghilzai
Derrière chaque avancée scientifique se cache un parcours unique et une vision singulière. Ces entrevues vous invitent à découvrir nos chercheurs, le sujet de leurs travaux et ce qui les motive chaque jour.
Prédire le comportement du sol pour des constructions plus durables
Sohail Akthar a remporté un complément de bourse Mitacs d’une valeur de 5000 $ de l’Institut de recherche sur les infrastructures résilientes et circulaires (AdapT) de l’ÉTS. Grâce à ce coup de pouce, l’étudiant de l’Université Concordia pourra étudier l’effet des changements climatiques sur les sols et les manières d’y remédier. Voici ce qu’il a à dire sur son projet.
Décrivez brièvement votre projet de recherche.
J’étudie le comportement du sol selon les changements subits de température et ses effets sur les infrastructures et bâtiments dans des régions les plus froides du monde, comme le Canada.
Dans un premier temps, mon objectif, avec mon partenaire de recherche, est de modéliser numériquement des scénarios réalistes qui permettront de prédire plus efficacement le comportement du sol, et par conséquent de protéger et d’optimiser l’entretien des fondations de ces infrastructures.
Dans un deuxième temps, je vais tenter de proposer des solutions concrètes, mais surtout écologiques, pour renforcer les sols soutenant des fondations.
En quoi votre projet de recherche est-il influencé par les changements climatiques ?
Les changements climatiques ont notamment pour effet d’entraîner des variations beaucoup plus brusques de la température, y compris celle des sols. Il peut faire plutôt chaud une journée, et beaucoup plus frais le lendemain, alors qu’auparavant, la transition entre ces températures était beaucoup plus douce.
Certaines régions du monde, dont le nord du Canada, ont toujours été recouvertes de pergélisol, mais on remarque que le sol se réchauffe là-bas aussi.
Pour l’industrie de la construction, cela peut être problématique parce qu’en dégelant trop rapidement, le sol se gorge d’eau et devient moins résistant, moins solide. Cela affecte donc la stabilité des fondations des structures qui sont déjà construites, et c’est un enjeu quand beaucoup d’argent y a été investi.
Quelle solution concrète allez-vous apporter à ce problème recensé ?
Certains suppléments de sol chimiques ne peuvent pas être utilisés parce qu’avec le réchauffement des sols, ils s’écoulent vers les cours d’eau et peuvent affecter la biodiversité du milieu.
Il faut donc trouver une composante verte qui pourra raffermir le sol sans affecter la nature autour; c’est pourquoi nous nous tournons vers des fibres de basalte, qui sont déjà utilisées à plusieurs endroits dans le monde.
Quelles seront les retombées possibles de votre projet dans la société ?
En renforçant le sol avec de la fibre de basalte avant de construire, aussi bien les donneurs d’ouvrage, comme les gouvernements et les villes, que les constructeurs s’assureront que les grands ouvrages et les bâtiments qui y seront érigés seront ancrés plus solidement et que leurs fondations seront mieux soutenues. Cela évitera des problèmes structurels à moyen et long terme tout en entraînant des économies sur l’entretien et la réparation des infrastructures.
Je souhaite également pouvoir établir les ratios optimaux pour quantifier la fibre de basalte en fonction du sol où un projet est prévu. Comme le basalte est un minerai qu’on trouve au Canada, l’industrie de la construction pourra s’en procurer localement, et ce sera une solution plus économique et plus soucieuse de l’environnement.
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